Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles examinait ce 17 décembre le budget 2026.
À cette occasion, j’ai pris la parole pour dénoncer un budget qui manque de vision, manque de transparence, et surtout manque de justice sociale.
Ce budget n’ouvre aucune perspective pour l’enseignement, la jeunesse, la culture, la petite enfance ou la justice.
Au contraire, il assombrit l’avenir de celles et ceux qui comptent le plus : les enfants, les jeunes, les familles et les enseignants.
1. Une trajectoire budgétaire opaque et incomplète
Le gouvernement annonçait depuis des semaines une trajectoire 2026-2029.
Pourtant, aucune vision globale n’a été présentée.
Sur les 700 millions d’euros d’économies annoncées, seuls 250 millions sont réellement identifiés dans le budget 2026.
Le reste ? Des trous noirs budgétaires.
Et au milieu de ces zones d’ombre, plusieurs réformes majeures ne sont ni financées ni chiffrées :
- la fin des nominations,
- le CDI-E, dont le coût réel est inconnu,
- le nouveau CDIE, encore très flou dans ses implications.
« On ne peut pas piloter la Fédération les yeux bandés. Ce budget n’est pas une trajectoire : c’est une fuite en avant. »
2. Une addition lourde et injuste pour les enseignants et les familles
En 2026, un enseignant cumule les mauvaises nouvelles :
réforme des DPPR, augmentation du temps de prestation, pertes d’ETP, précarisation des statuts, baisse des moyens, modification des contrôles médicaux, hausse des coûts scolaires…
Pour les familles, la situation n’est guère meilleure :
augmentation du prix des académies, du sport, des crèches, du cinéma, du quotidien.
« Le MR et les Engagés promettaient 500 € de plus… et commencent par retirer 500 € dans le portefeuille des familles. »
3. Un budget sans vision pédagogique
Ce budget est purement comptable.
Aucune réflexion sur la qualité pédagogique, aucune anticipation des conséquences sur les équipes éducatives ou les élèves.
Les témoignages des enseignants sont éloquents :
« Vous nous imposez une réforme née dans un cabinet, pas dans une école. Nous parlons d’élèves, vous parlez d’économie. »
« On ne réforme pas l’école en jouant à Tetris avec nos horaires. »
4. Une méthode brutale, sans concertation
Toutes les organisations entendues en commission l’ont confirmé : personne n’a été associé.
La concertation a été remplacée par des réunions descendantes, vécues comme des humiliations.
« On ne co-construit plus rien. On subit tout. »
5. Un budget sans étude d’impact
Jamais un budget n’aura comporté autant de décisions prises sans la moindre étude d’impact :
- ni sur la pénurie d’enseignants,
- ni sur la réforme des horaires,
- ni sur les communes,
- ni sur la gratuité scolaire,
- ni sur les pertes d’emploi.
« Une seule étude d’impact aurait suffi à voir le chaos que vous préparez. »
6. Gratuité scolaire : un recul historique
La gratuité de base était un immense progrès en matière d’égalité.
Le gouvernement la détricote, en divisant par trois les moyens par élève et en renvoyant les directions à des arbitrages impossibles.
« Je refuse de choisir quels enfants auront accès à des fournitures correctes. Ce n’est pas mon métier. »
7. Repas scolaires : jusqu’à 55 000 enfants pourraient perdre un repas complet
En diluant les moyens des repas scolaires dans une enveloppe déjà réduite, le budget prive potentiellement 55 000 enfants d’un repas sain et équilibré.
Certaines écoles passeront de 645 €/an par élève à… 111 €.
« Dans mon école, 40 % des enfants ne mangeraient pas le midi sans nous. Lequel doit manger en premier ? »
8. Petite enfance : une asphyxie programmée
Le secteur était déjà en crise.
Le gouvernement le fragilise encore davantage, en refusant d’indexer les subventions, en transférant des charges vers les communes et en reculant sur les réformes structurelles nécessaires.
« Chaque place de crèche supprimée est une mère ou un père empêché de travailler. »
9. Une école à deux vitesses
Avec ce budget, la FWB crée une école où les inégalités se creusent :
certaines écoles pourront absorber les coûts supplémentaires, d’autres devront renoncer à des projets, à de la remédiation ou à du soutien.
« Vous fabriquez une école où le contexte social de naissance déterminera ce que l’enfant mangera, recevra ou apprendra. »
10. Jeunesse et éducation permanente : un recul démocratique
Gel des reconnaissances, non-indexation, moratoire…
Les associations de jeunesse et d’éducation permanente sont touchées de plein fouet.
« En nous coupant l’indexation, ce n’est pas un budget que vous coupez. C’est un futur citoyen. »
11. Enseignement supérieur : une réforme du minerval précipitée
Oui, la réforme était nécessaire.
Mais augmenter le minerval de 43 % en un an, sans mesures d’accompagnement claires, est irresponsable.
« Réformer le minerval, oui. Le faire en un coup de massue, non. »
12. Maisons de justice : répondre à une crise avec un budget inchangé
Alors que les équipes sont saturées et que Bruxelles manque cruellement de capacités, le budget se contente de reconduire les moyens de la précédente législature.
« Ce n’est pas en confirmant un budget inchangé qu’on résout une crise qui, elle, a changé d’échelle. »
13. Les communes en première ligne : la double peine
Non-indexation, nouvelles charges, disparition des dispositifs de gratuité…
Les communes n’auront d’autre choix que d’augmenter leurs fiscalités locales, comme c’est déjà le cas dans de nombreuses entités dirigées par le MR et les Engagés.
« Quand la Fédération coupe, ce sont les communes qui paient — et donc les citoyens. »
14. L’exemplarité oubliée
Alors que les écoles, crèches et associations doivent réaliser des économies drastiques, aucune réforme structurelle des cabinets n’a été engagée.
« Quand on demande 500 millions d’efforts, on commence par s’appliquer les mesures à soi-même. »
Conclusion : un budget du renoncement
Ce budget :
❌ n’a pas de vision,
❌ n’a pas de trajectoire,
❌ n’est ni concerté, ni évalué,
❌ fragilise les enseignants, les familles et les communes.
« Tenter de sauver l’avenir d’une structure en hypothéquant celui de la jeunesse, c’est rater le sens de l’action publique. »
Au nom de Lib.res, je ne voterai pas ce budget.
Je continuerai à défendre une autre vision : une Fédération qui investit dans l’égalité, la jeunesse, la culture, l’enseignement et la démocratie.
À toutes celles et ceux qui m’ont écrit, interpellé ou témoigné :
Vous n’êtes pas seuls. Votre voix porte ici.
Retrouvez le texte complet de mon intervention ici : https://docs.google.com/document/d/1fVJ-0lkmGT96d8ddY47TGho57rXr0rRugtmK-X4Dq-c/edit?usp=sharing
